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Austérité au Tchad : la galère des familles de fonctionnaires

Austérité au Tchad : la galère des familles de fonctionnaires

Tchad

Les coupes salariales sont la norme en ce moment au pays d’Idriss Déby Itno. La raison est toute trouvée ; la crise économique due au faible prix du brut, dont le Tchad est exportateur depuis juillet 2003, après plus de 30 ans de prospection par différentes compagnies internationales. Les victimes de cette mesure sont les fonctionnaires. Et bien sûr, leurs familles en paient le prix fort. Incursion dans la dure réalité de l’austérité, version tchadienne.

Nous sommes à Walia, dans le IXe arrondissement de N’Djaména la capitale. Nestor est fonctionnaire et, comme c’est souvent le cas au Tchad (pays à majorité musulmane), il a deux femmes.

L’homme reste scotché à son poste de radio, tout en discutant avec les mères de ses enfants. Au menu des débats, les coupes budgétaires décidées par les autorités de son pays. Mais surtout, comment faire pour éponger les charges qui n’attendent pas. Il y a pour lui de quoi s’inquiéter, quand on sait que Nestor est lui aussi visé par les mesures prises et est flanqué de deux femmes, sans oublier les enfants qu’il doit de toute évidence nourrir.

Nestor est rentré au bercail avec la modique somme de 47.000 F CFA (72 euros). Chacune de ses femmes a reçu de sa part 20.000 F CFA (30 euros).

« Rien que le loyer même fait déjà 40 000 F CFA (61 euros). Je suis rentré avec à peine 47 000. Est-ce qu’il faut payer le loyer ? Est-ce qu’il faut payer la scolarité des enfants parce que là, j’ai trois enfants qui sont dans les écoles privées ? Et je ne sais pas comment faire » s’interroge le fonctionnaire, qui fait se tourner et se retourner l‘équation dans sa tête.

Mais il n’a pas le temps de trouver la solution à son dilemme que l’une de ses femmes réagit, lui rappelant ce qu’il n’a sûrement pas envie d’entendre : « j’ai envie d’emmener l’enfant à l’hôpital, mais qui va payer ? »

Comme on peut le voir, les problèmes de ce père de famille ne sont pas prêts de le lâcher. À tel point qu’il a dû effacer de son calendrier les loisirs afin de tenter de maîtriser un budget familial en souffrance. S’acheter du carburant pour sa moto (moyen de transport très prisé au Tchad et dans la plupart des autres pays sahéliens) est aussi un casse-tête pour le fonctionnaire.

Mais il n’y a pas que Nestor qui souffre du fait de l’austérité. Fabeng, lui aussi fonctionnaire et vivant dans un autre arrondissement de N’Djaména, se creuse les méninges pour faire face à ses charges. Lui et sa femme se demandent comment faire pour soutenir les études de leurs trois enfants qui vivent dans d’autres villes du pays et hors des frontières tchadiennes.

S’en remettre à Dieu, mais aussi aux banques

Comme c’est souvent le cas dans ce genre de situation, Dieu est appelé à la rescousse : « quand le montant est vraiment dérisoire, on ne peut pas payer le loyer. On a pu faire face seulement à un seul enfant qui est à l’extérieur. Pour le reste, nous ne savons pas ce qu’il faut faire, mais nous disons simplement que Dieu pourvoira à nos besoins. », confie Fabeng.

Les coupes budgétaires font souffrir les fonctionnaires Tchadiens et diminuent leur pouvoir d’achat déjà quasi-nul, mais il n’y a pas que ça. Nombre d’entre eux se sont endettés, voire, surendettés auprès des banques, dans leur volonté de faire face aux problèmes. Cette situation contribue elle aussi à la faiblesse du pouvoir d’achat de ces fonctionnaires appelés à rembourser les emprunts.

Pour tenter d’apporter une bouffée d’oxygène aux travailleurs du secteur public, le ministre des Finances s’est adressé ce mardi aux banques, leur demandant d’assouplir les calendriers de remboursement des crédits. Ce qui pourrait permettre aux débiteurs de respirer un temps soit peu.

Ce même mardi, un appel des syndicats du secteur public lancé lundi, qui avaient incité à une grève « générale illimitée » en vue de protester contre les mesures d’austérité, a été largement suivi dans la capitale.

La circulation dans les rues de N’djaména était presque inexistante et la majorité des bureaux du secteur public ainsi que les écoles primaires, secondaires et universitaires d’Etat, étaient vides pour cause de fermeture.